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Souvenirs de la Société Coopérative Des Vedettes - 1932 - 1993
©2009-LMDM/LRX/90AnsLocmiquélic/Ved-Jaunes  Avec l'aimable autorisation d'Yves NOE, administrateur liquidataire de la SCV

Mise à jour : avril 2023

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Si aujourd'hui le Batobus continue de sillonner la rade, il est bon de rappeler que La "v'dtette", comme on a tendance à le dire ici, est à tout bon Minahouet ce que le métro est aux Parisiens.

Historique :

On trouve trace du transport de marchandises et de passagers sur dans la rade de Lorient dès la conquête romaine. En 1699, on parle de passeurs qui sous-affermaient leurs bacs contre redevance à des"Fermiers". Ces derniers étaient propriétaires des droits de passages appelés "Trépas" puis "Octroi". Les passeurs seront remplacés au début du 18° siècle par des "Canotiers" assurant le passage entre Ste Catherine et Beg er groez ou celui entre Port-Louis et Lorient. Souvent inexpérimentés, de nombreux naufrages furent signalés. 1845 verra l'arrivée du premier vapeur et d'autres compagnies remplaceront les "Canotiers".

Les services étaient déplorables,, aussi afin de protester contre les tarifs abusifs et les nombreux retards ou manquements des "Vapeurs Port-Louisiens" (1884-1935) et de la "Compagnie des vedettes d'Arvor" (1930-1935),  les usagers se réunirent le 23 décembre 1931 afin de créer un collectif de défense des usagers. Magré les difficultés rencontrées et les nombreux refus d'améliorer le service, le collectif décida la création d'une nouvelle société bâptisée "Société Coopérative des Vedettes de Locmiquélic".


La Société Coopérative des Vedettes de Locmiquélic », verra le jour le 22 février 1932. Le premier président sera Emmanuel LE VISAGE. Les statuts déposés, les membres du conseil d'administration eurent le soutien financier de la population, de l'Union Coopérative Lorientaise et de la Persévérante Locmiquélicaine (le dimanche 3 avril 1932, les membres de cette dernière société furent convoqués à 13h30 à une réunion avec, entre autre, pour ordre du jour un « prêt à la société coopérative des vedettes en formation ». Les coopérateurs Locmiquélicains, réunis salle de la Persévérante, acceptèrent de mettre une nouvelle fois la main au portefeuille). et fixèrent le tarif de l’action à 100 francs de l’époque. Quatre cent vingt et un sociétaires participèrent au financement de la première vedette "Le Rêve".
Dès le 1er juin 1932, deux vedettes assurèreront les liaisons "Talhouant - Kéroman" et "Pen-Mané - l'estacade à Lorient"

L’Union des Commerçants Lorientais et la Persévérante Locmiquélicaine proposèrent à la toute jeune société de nouveaux prêts pour financer la construction d’autres vedettes mais le succès rencontré par la SCV fut tel que cela ne s’avéra pas nécessaire. Les vedettes "Prospérité", "Volonté", "Ténacité", "Fidélité" et "Vitalité" » seront mises en services pour le plus grand bonheur des usagers.

 
En 1935, la société concurrente déposa le bilan, privant ainsi de moyen de transport les usagers de Port-Louis.
 
Monsieur LE VISAGE, alors maire et président de la SCV, fonda, sur demande du Préfet, une seconde société à l’usage de cette population. La toute nouvelle société, en union avec celle de Locmiquélic, acheta quelques bateaux à la société défaillante et le trafic put continuer sans interruption.
 
La fusion de ces deux sociétés s’effectuera en 1937.

1939-1945 - La période Guerre

En 1939, à la déclaration de la seconde guerre mondiale, la société possédait 12 vedettes. Durant l’occupation, le service fut très perturbé par les restrictions liées au conflit et les nombreuses réquisitions des navires par l’armée Allemande. La "Vitalité" en fera partie.
 
Devant le manque de bateaux, certains ouvriers iront même jusqu'à organiser les traversées en plate.

A la libération en 1945, il ne restait plus aucune vedette en état de naviguer. Toutes avaient été coulées ou détruites lors des bombardements de la poche de Lorient. Le renflouement de certaines unités sera confié à la DCAN de Lorient sous couvert des dommages de guerre.

 
 La SCV qui avait anticipé l’après guerre fit l’acquisition, à Saint Malo, d’une vedette d’occasion permettant ainsi la reprise du service en juin 1946. Cette unité, la « Comète », rebaptisée « Libération » sera suivie de la « Confiance », qui deviendra à son tour la « Roger Colette ». Suivra ensuite la « Christian Marie » en 1947, également mise en chantier durant l’occupation, à Saint Malo.  


En 1976, la SCV désireuse d’assurer la régularité du transport entre les différents points de la rade de Lorient tout en gardant un équilibre budgétaire précaire se plaça dans une position fort délicate. La concurrence automobile et le choc pétrolier de 1973 conjugués au non renouvellement des unités vieillissantes obligèrent la société à passer en 1977, sous la tutelle du conseil général du Morbihan. Ce dernier, tout en assurant le rachat, établit une convention de gérance avec ladite société. La vente des bateaux permit ainsi la rénovation et la mise aux normes du bâtiment du port de Sainte Catherine, également siège de la Société Coopérative des Vedettes.
 
La fin des années 70 verra quant à elle apparaître une nouvelle génération de vedettes avec la « Président Emmanuel Le Visage », la « Kerbel » et la « Kerzo ». Ces vedettes, couvertes, chauffées et vitrées, offriront un bien meilleur confort aux passagers.
 
Elles recevront le renfort de « l’Aigrette », une ancienne vedette de l’Odet, qui, après transformation, sera rebaptisée « Ste Catherine » et celui de la vedette « Rivière d’Etel ».
 
Lors de son assemblée générale de 1991, le conseil d’administration décida, à l’initiative du département, de confier la gestion des lignes intérieures de la rade à la CMN.  Deux nouvelles unités, la « Talhouant » et la « Tanguethen », furent construites respectivement en 1992 et 1993. Elles achèveront la longue lignée des vedettes jaunes. La société étant définitivement dissoute en 1993.

 

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Vedette "LE REVE" à l'estacade
Document : ©2009-LMDM/SCV/VED-CM - Archives SCV Locmiquélic
Don de l'administrateur à l'association en 2009 à l'occasion des 90 ans de Locmiquélic

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La vedette "TENACITE" à Sainte Catherine
Document : ©2009-LMDM/SCV/VED-CM - Archives SCV Locmiquélic
Don de l'administrateur à l'association en 2009 à l'occasion des 90 ans de Locmiquélic

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La vedette "VITALITE"
Document : ©2009-LMDM/SCV/VED-CM - Archives SCV Locmiquélic-Photo LE GUERNEVE Lorient
Don de l'administrateur à l'association en 2009 à l'occasion des 90 ans de Locmiquélic

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Livret de sociétaire
Photo : LMDM/CLRX - © 2009-Archives «  La Mémoire des Minahouets  »


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La vedette "Christian Marie" au mouillage sous Saint Michel
Document : ©2009-LMDM/SCV/VED-CM - Don de l'administrateur à l'association en 2009 à l'occasion des 90 ans de Locmiquélic Archives SCV Locmiquélic

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La vedette "Christian Marie" au mouillage sous Saint Michel
Document : ©2009-LMDM/SCV/VED-CM - Don de l'administrateur à l'association en 2009 à l'occasion des 90 ans de Locmiquélic Archives SCV Locmiquélic

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  26 juin 1934 - TRAGIQUE COLLISION EN RADE DE LORIENT

Une vedette transportant 200 ouvriers de l’arsenal et du port est abordée par un vapeur et coule en partie
(Titre extrait de «L’Ouest Eclair » du mercredi 27 juin 1934)

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Le naufrage de la "Prospérité"

Photo Le Nouvelliste Lorient - Document Archives municipales Locmiquélic

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La « Prospérité » était un navire d’aspect similaire à la « Désirée », que l’on voit ici accostant à Pen Mané, mais de dimensions moindres.

Document : ©2009-LMDM/SCV/VED-CM - Don de l'administrateur à l'association en 2009 à l'occasion des 90 ans de Locmiquélic Archives SCV Locmiquélic

UN DRAME AFFREUX

 (Ce texte sera modifié en 2010 et donné au comité d'histoire pour l'édition de son 4° fascicule)

 

La vedette « PROSPERITE » abordée par la « MARIE-ANGE » coule avec une centaine de passagers

 

La presse locale a de tout temps rapporté bon nombre de faits divers mais hélas aussi bien des drames affreux tel celui survenu en notre bonne rade de Lorient le 26 juin 1934.
 
Les faits relatés évoquent une collision entre deux bateaux à passagers de sociétés concurrentes. Si cela se produisit au beau milieu de la rade, par temps calme et en plein jour la réalité poignante de ce drame, peut, de nos jours, paraître fort invraisemblable. Cependant replaçons-nous dans le contexte de l’époque où les transports en commun avaient le vent en poupe et où l’automobile était un luxe réservé aux nantis.
 
Le Nouvelliste du Morbihan et Ouest Eclair rapporteront les faits suivants : « ce jour, aux environs de 18h30, un vapeur de la Compagnie des Vedettes d’Arvor, le « Marie-Ange » revenait de Port-Louis avec quelques passagers à son bord. Sa route croisait près de l’estacade, une autre vedette la « Prospérité » de la société coopérative des vedettes de Locmiquélic qui ramenait de Lorient une centaine de passagers regagnant leur domicile après leur journée de travail.
 
Dans le chenal, pourtant bien large à cet endroit, le « Marie-Ange » aborda la « Prospérité ». Le choc brutal occasionna une brèche d’environ 20 cm de diamètre dans le flanc de la vedette et une voie d’eau se produisit aussitôt. La coque en bois de ce bateau construit en janvier 1933 aux chantiers ROY-PLAIDEAU de Pont Lorois n’a pas résisté à l’assaut de celle en acier du « Marie Ange ». Des cris fusèrent de partout. Certains naufragés, voyant la collision arriver, eurent le temps de sauter à bord du bateau abordeur. D’autres, dans l’affolement général, se jetèrent à l’eau et tentèrent de regagner tant bien que mal l’estacade toute proche. Ceux qui ne savaient pas nager tentaient de s’agripper aux autres au risque de les noyer. Le navire allait
sombrer sous peu. Certains hommes, restés calmes, essayèrent de porter secours principalement aux quelques femmes ayant préféré faire la traversée à l’abri dans l’unique chambre du navire. Coincées dans cet espace clos, elles ne durent leur salut qu’à ces braves qui durent opérer très rapidement car en un rien de temps, une grande moitié arrière de la « Prospérité » se retrouva sous les flots.
 
Le capitaine BORDIER du 11èmè régiment d’artillerie coloniale et un adjudant chef de l’intendance coloniale, témoins de la scène donnèrent aussitôt l’alerte. Très vite les secours s’organisèrent, plusieurs bateaux, notamment les vedettes « Kerbel » « Le Rêve », celles de la Marine Nationale ainsi que les chaloupes du croiseur « Condé » récupèrent très rapidement et en grande partie les naufragés.
 
Certains furent transportés sur l’estacade proche de deux cents mètres, d’autres vers la station radio de Pen Mané à Locmiquélic où déjà la foule venait aux nouvelles. On assistait alors sur ces deux sites à des scènes bien pénibles de tractions rythmiques. A Pen Mané, dès qu’un bateau accostait, les familles se pressaient pour savoir si l’être attendu faisait partie des rescapés.
 
Le bilan de cette catastrophe s’éleva à neuf morts et neuf blessés. Les corps de six victimes furent immédiatement transportés à l’hôpital maritime. Trois autres ne seront retrouvés que quelques jours plus tard.
 
Toutes les femmes furent sauvées. Un grand nombre d’entres elles furent hissées à bord de la « Marie-Ange » par les hommes. Selon certains témoignages, quelques unes durent leur salut à leurs longues et amples jupes qui leur servirent de bouées. Selon d’autres, ce serait en s’aidant des immenses paniers qu’elles avaient l’habitude de porter sur la tête.
 
Après cette mésaventure, bon nombre d’entre elles déclarèrent s’être rendues chez le rebouteux à la maison des choux à Lanester.
 
Dès le lendemain, une commission d’enquête composée de l’administrateur en chef de l’inscription maritime, de deux capitaines au long cours, d’un inspecteur de la navigation et de l’officier de port fut mandatée. Cette commission procéda aux constations et confrontations d’usage afin de déterminer les fautes nautiques et professionnelles et établir les responsabilités encourues.
 
Les deux patrons, reconnus responsables du naufrage en avril 1935, furent condamnés à trois mois de prison avec sursis et cinquante francs d’amende. Les deux armements, quant à eux condamnés à amende, durent verser près d’un million de francs de dommages et intérêts aux familles des victimes.
 
Le verdict rendu laissera apparaître que la « Prospérité », prévue pour transporter cent vingt passagers, en avait, d’après le résultat de l’enquête, cent trente et un à son bord. Qu’un grand nombre d’entre eux se trouvait sur le roof avant et de ce fait avait considérablement gêné la visibilité du patron depuis le poste de commandement.
 
Les deux navires furent désarmés au lendemain du naufrage.

LA S.C.V.

 
 
 
 
 
 
 
 
Lorient, étant devenu le creuset de l’activité industrielle, commerciale et maritime de la contrée, les débouchés offerts à notre cité et aux communes environnantes étaient vitaux pour l’économie locale. Une traversée matinale dans le sens Locmiquélic / Lorient s’imposait donc. Le soir le déplacement en sens inverse constituait le retour au bercail après une dure journée de travail.
 
Au début du XXème siècle, le trafic au départ de Pen Mané était particulièrement intense. Le commerce de la pêche et celui des marchandises  étaient concentrés dans ce qui est aujourd’hui l’avant-port de Lorient.
 
Un bassin à flot, dont l’accès se faisait par un pont tournant, complétait l’ensemble. Toutes sortes de navires s’y côtoyaient, y compris ceux assurant le transport de passagers.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Un projet qui tombe à l’eau
 
 
20 ans avant l’apparition de la Société Coopérative des Vedettes eut lieu une tentative de création d’une compagnie de navigation. Le 1er février 1912, dans un communiqué, le journal Le Nouvelliste nous informait qu’une réunion ayant pour objectif la création d’une société coopérative de vedettes avait lieu à Riantec. La séance était présidée par le maire, monsieur Corvest, assisté d’un adjoint et d’un conseiller municipal, messieurs Jégo et Thomas. Les organisateurs, qui se disaient « bien décidés à continuer [leur] œuvre malgré les promesses un peu tardives de la Compagnie Port-Louisienne » se félicitaient surtout de la présence et de l’adhésion d’un très grand nombre de cultivateurs. Les conditions de traversées de la rade avaient donc une très grande importance pour l’écoulement des produits agricoles. La nécessité s’en faisait d’ailleurs sentir au-delà des limites de la commune puisque des réunions furent programmées le 4 février à Plouhinec et Merlevenez.                                  
 
Nous n’en avons pas le compte-rendu mais, selon le Nouvelliste, une nouvelle assemblée avait eu lieu le dimanche 25 février « avec un plein succès. La plupart des cultivateurs étaient accourus, afin de discuter les statuts élaborés par le bureau, et donner leur adhésion à la Société des Vedettes Pen-Manéennes. » Le journal annonçait aussi qu’une réunion se tiendrait à l’école des garçons de Locmiquélic le 3 mars suivant.
Ce n’est donc apparemment qu’en tout dernier lieu que les habitants de Locmiquélic ont été invités explicitement à donner leur avis sur le projet. Les Lorientais sont eux aussi invités à cette réunion. On fait appel aux « quelques réfractaires…afin de terminer au plus vite, l’œuvre commencée ».
 
Il semblerait donc que la nouvelle société rencontrait déjà des difficultés, malgré la satisfaction affichée. Il y avait sans doute des réfractaires mais aussi des opposants comme le dit clairement le communiqué publié le 24 mars :
 « Des personnes intéressées à voir les membres du bureau de la Société de Vedettes Pen Mané-Locmiquélic, subir un échec dans leur bonne œuvre, ont fait répandre certain bruit en disant que notre société était dissoute : rien n’est de cela et nous répondons à ce canard  que nous sommes décidés plus que jamais à faire aboutir notre entreprise, et nous espérons que d’ici deux mois au plus tard, nos bateaux feront le service de la rade, entre Pen Mané – Locmiquélic – Lorient et vice-versa. »
 
Nous savons que cette « Société des Vedettes Pen-Manéennes» n’a jamais vu le jour. Pourquoi ? Qu’a-t-il manqué à ce projet pour qu’il aboutisse ? Aucun élément en notre possession ne nous permet de vous rapporter avec certitude les raisons de cet échec.  Cependant, force est de constater que le fait semblait acquis. Il était fait mention de « nos bateaux ». Il y avait donc à minima deux unités de prévues et l’acquisition ou la mise en construction de navires ne s’improvise pas. Alors, bluff pour faire pression sur les compagnies concurrentes ? On a surtout le sentiment que le bel enthousiasme engendré par cette création n’a pas suffi à mobiliser suffisamment d’adhésions et de capitaux pour que l’entreprise puisse fonctionner.
 
 
 
 
 
 
 
 
La Société Coopérative
des Vedettes
1932 – 1993…
 
 
 
 
 
 
Des usagers mécontents
 
Eu égard au fait que les différentes compagnies qui se succédèrent n’accomplissaient  jamais leur mission de manière satisfaisante d’une part, que d’autre part la demande était plus impérieuse de ce côté de la rade et que les besoins de la population étaient tels que cela devenait un vrai casse-tête pour les habitants d’outre-rade, nos « politiques » par l’entremise du groupe socialiste S.F.I.O  de Locmiquélic, prirent le sujet à cœur et ne manquèrent pas de l’évoquer fortement lors d’une réunion en date du 19 novembre 1925. Partie de l’ordre du jour de cette réunion était « le service très défectueux de Pen Mané »
 
 
Une atmosphère détestable
 
Les rapports entre clients et fournisseurs n’étaient pas toujours courtois. Les motifs de désaccord étaient nombreux et variés, leurs conséquences tout autant. Et c’est bien souvent devant le tribunal que cela se réglait.
 
Si les rapports précités étaient souvent tendus, l’ambiance entre compagnies maritimes n’était pas meilleure. Cette concurrence avait également des répercussions néfastes sur leurs     mains-d’œuvre respectives. Pour exemple le 28 juin 1931, alors qu’une Vedette d’Arvor et une Vedette Lorientaise se trouvaient à Pen Mané, l’un des équipages rompit les amarres de l’autre. De vifs propos furent échangés, et une bagarre menaça de s’en suivre. Environ un an plus tard, une discussion tout aussi violente eut lieu entre le patron des Vedettes d’Arvor qui, ayant pris fait et cause pour sa Compagnie, défendit son mousse frappé par le patron au sang chaud d’une vedette d’une autre compagnie, qui avait prestement sauté à bord de son navire. Pris à la gorge par l’adversaire, le patron des Vedettes d’Arvor ne dut son salut qu’à l’intervention d’un tiers.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Naissance de la Société
 
Le 4 décembre 1931, le nouvelliste révèle qu’un accord commercial était intervenu entre les Vedettes d’Arvor et les Vedettes Vertes. Cet accord était censé « organiser le service dans des conditions plus normales d’ordre et d’économie ». Les horaires seraient simplifiés et homologués, les tarifs aussi. Les usagers se réunirent le dimanche 23 décembre 1931 pour créer un collectif de défense « en vue de la formation d’un groupe destiné à défendre leurs intérêts ». Celui-ci avait pour mission de rechercher auprès des sociétés existantes des améliorations tant en matière du trafic qu’au niveau d’une tarification raisonnable.
 
Lors de la 1ère assemblée générale de l’Association des Usagers de la Rade, le 17 janvier 1932, les membres de l’association protesteront contre une des décisions essentielles issues de l’accord entre les deux compagnies : les augmentations exagérées portées sur le tarif des traversées. De 0,60 franc à 1 franc pour la ligne Pen Mané / Lorient et de 1,25 franc à 1,75 franc pour celle de Port-Louis / Lorient. Pour les amoureux des chiffres, nous nous sommes amusés à calculer quel pourcentage de hausse cela représentait. Le barème du passage au départ de Pen Mané avait tout simplement subi une inflation de 67 %......... et celui de Port Louis……  40 %. Rien que ça !
 
Malgré toute l’énergie et la bonne volonté déployées mais surtout devant les divers et nombreux refus rencontrés, ils décidèrent de créer une nouvelle société qui porterait le nom de « Société Coopérative des Vedettes de Locmiquélic », société qui vit le jour le 22 février 1932.
 
Après en avoir déposé les statuts et afin d’en réaliser le capital, les membres du conseil d’administration sollicitèrent et obtinrent le soutien financier de la population ainsi que celui de l’Union Coopérative Lorientaise et de la Persévérante Locmiquélicaine (le dimanche 3 avril 1932, les membres de cette dernière société furent convoqués à 13h30 à une réunion avec, entre autre, pour ordre du jour un « prêt à la société coopérative des vedettes en formation ». Les coopérateurs Locmiquélicains, réunis salle de la Persévérante, acceptèrent de mettre une nouvelle fois la main au portefeuille). et fixèrent le tarif de l’action à 100 francs de l’époque.
 
 
 
Cette initiative remporta un énorme succès. Le tarif de l’action s’élevait à 100 francs de l’époque.
 

 
 
 
 
 
 
 
 
                                            

Livret de sociétaire Photo : LMDM/CLRX -
© Archives «  La Mémoire des Minahouets  »


 
Les abonnés purent, dès le 1er juin 1932, bénéficier de deux vedettes assurant d’une part la liaison Sainte Catherine / Port de pêche et d’autre part Pen Mané / Lorient.
Dès le 1er juin 1932, deux vedettes assurèreront les liaisons "Talhouant - Kéroman" et "Pen-Mané - l'estacade à Lorient"
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Les dimanches et jours fériés, seule, la SCV assurait le trafic sur toutes les lignes de la rade.

 
Le Nouvelliste, dans son édition du 8 septembre 1932, informa le public d’un vin d’honneur pour fêter l’évènement le dimanche 11 septembre.
L’Union des Commerçants Lorientais et la Persévérante Locmiquélicaine proposèrent de nouveaux prêts pour financer la construction d’autres vedettes mais le succès rencontré fut tel que cela ne s’avéra pas nécessaire. C’est ainsi que les vedettes « Prospérité, Volonté, Ténacité, Fidélité et Vitalité » furent mises à l’eau.
 
En 1935, la société concurrente déposa le bilan, privant ainsi de moyen de transport les usagers de Port-Louis.
 
Monsieur LE VISAGE, alors maire et président de la SCV, fonda, sur demande du Préfet, une seconde société à l’usage de cette population. La toute nouvelle société, en union avec celle de Locmiquélic, acheta quelques bateaux à la société défaillante et le trafic put continuer sans interruption.
 
 
La fusion de ces deux sociétés s’effectuera en 1937. Un conseil d’administration composé de 7 membres de Locmiquélic, 4 de Port-Louis et 1 de Riantec sera alors constitué.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
…et « le Resquilleur »
 
Dans le même contexte de mécontentement, 1931 verra la tentative de création d’une ligne parallèle. Une vedette en bois, construite à La Perrière en 1931, sera mise en service le 31 janvier 1932. Le navire s’appelait « Le Resquilleur ».
 
Il y aurait eu deux bateaux ayant porté ce nom. Le premier désarmé le 30 janvier 1935, le second le 24 février 1935. Tous deux appartenaient à Albert MICHAUD de Locmiquélic.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1939 – 1945
 
 
En 1939, à la déclaration de la seconde guerre mondiale, la société possédait 12 vedettes. Durant l’occupation, le service fut très perturbé par les restrictions liées au conflit et les nombreuses réquisitions des navires par l’armée Allemande.
 
Devant le manque de bateaux, certains ouvriers du port n’hésitaient pas à s’organiser pour effectuer la traversée en plate. D’autres personnes utilisaient également les moyens du bord telle la grand-tante d’un des membres du comité d’histoire qui n’hésitait pas à monter à bord du canot de son mari pour aller vendre, sur le cours de la Bôve, la pêche de celui-ci ou les fruits et légumes du jardin. Cette dame aurait semble-t-il continué cette pratique bien longtemps après la guerre.
 
Durant cette période trouble, on remarquera qu’aucune tentative de sabordage ou acte de sabotage ne semble avoir été perpétré. Ni les recherches menées ni les archives qu’elles soient de la société ou issues des coupures de presse de l’époque ne permettent d’affirmer ce genre d’actes. Le besoin vital pour la population de la rive gauche de se rendre à Lorient pourrait en être une des raisons principales.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
      
 
 
 
 
L’après-guerre
 
 
A la libération en 1945, il ne restait plus aucune vedette en état de naviguer. Toutes avaient été coulées ou détruites lors des bombardements de la poche de Lorient, l’alignement du port de Sainte Catherine, siège des vedettes à Locmiquélic, avec celui de la base des sous-marins de Lorient ayant considérablement contribué à cette destruction. Le renflouement de certaines unités fut confié à la DCAN de Lorient sous couvert des dommages de guerre.
 
 La direction de la SCV qui avait anticipé l’après guerre fit l’acquisition, à Saint Malo, d’une vedette d’occasion permettant ainsi la reprise du service dès juin 1946. Cette unité, la « Comète », rebaptisée la « Libération » sera suivie de la « Confiance », qui deviendra à son tour la « Roger Colette ». Suivra en 1947 la « Christian Marie » que le conseil d’administration avait également pris soin de faire mettre en chantier durant l’occupation, toujours à Saint Malo.  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
A l’issue du conflit, dès la reprise du service régulier, les vedettes transportaient bon nombre de maçons et autres ouvriers du bâtiment travaillant à la reconstruction de Lorient. La reprise des activités au port de pêche de Lorient conjuguée à la redynamisation de l’arsenal et de son annexe de Keroman jouera également un rôle essentiel dans la renaissance et l’essor de cette société après guerre.
 
L’on notera cependant que sur recommandation de la préfecture, un certain Gustave PORTANGUEN, retraité de la Direction du port, assura, à l’aide d’un bateau de pêche, le passage entre Lorient et Port-Louis de 1945 à 1947. Il tenta également de mettre en place un service entre Ste Catherine et Keroman.
 
Son premier bateau, dont il assurait le commandement, s’appelait le « Cyrnos ». Il s’agissait en réalité d’une ancienne annexe de morutier transformée pour les besoins du trafic. Ses membrures étaient en acacia.
 
La SCV accepta fort mal cette concurrence et de nombreux conflits en découlèrent. Bénoni, fils de monsieur PORTANGUEN nous a rapporté entre autre cette anecdote : « Parfois lorsque deux bateaux concurrents se trouvaient à quai au fond du bassin à flot à Lorient, les passagers prenaient de préférence la vedette de la SCV qui interdisait l’accostage au bateau de mon père. Ce dernier faisait alors semblant d’appareiller à petite vitesse vers Port-Louis, attendait que la vedette de la SCV mette le cap sur Pen Mané et à ce moment là, faisait demi-tour et revenait dans le bassin à flot afin d’y récupérer tous les passagers qui attendaient ».
 
Les tracas précités ainsi qu’un tarif, apparemment peu compétitif semblent être à l’origine de l’échec de ce service parallèle.
 
La SCV eut donc la part belle. De surcroît le nombre de passagers ne cessait d’augmenter.
La construction de nouvelles vedettes d’une capacité de 150 passagers fut décidée. Leur financement fut assuré par les dommages de guerre et l’emprunt.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
                                               La vedette « Marc Boedec » au  mouillage devant l’île Saint Michel                                           
                                                                                 Photo : Archives SCV
 
Les vedettes « Les Misérables », « Résistance », « Persévérance », « Florissante », « Marc Boedec », « Ernest Rospabé 2 », « François Gustave » ou « Albert Eugène » furent mises à l’eau dans les années 50/60.
Le Président Eugène MAHO en compagnie de madame EVANNO, marraine et Richard DELPIERRE, parrain
de la vedette « Marc Boedec »
Photo « collection privée »
 
La vedette « Marc Boedec » le jour de son lancement
Photo « collection privée »
Un nombreux public assistait à chacun des lancements qui, pour ces unités construites en bois, avaient lieu la plupart du temps aux chantiers Querrien de Sainte Catherine.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La vedette « Marc Boedec » le jour de son lancement
Collection privée
 
La vedette « François Gustave » à Sainte Catherine
Collection privée
 
Ces navires, entièrement pontés, possédaient deux « chambres » permettant aux passagers de s’abriter les jours de pluie ou de tempête. L’accès se faisait par une échelle pentue située, de chaque côté, sous la passerelle. Un WC, élément de confort pour l’époque, se trouvait dans la chambre avant de certaines unités. Pour d’autres il se situait principalement à l’intérieur de la cheminée.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Des rangées de bancs, tantôt alignés le long du bastingage, tantôt surélevés au dessus des chambres, permettaient aux passagers de contempler la rade durant la traversée. Le roof avant accueillait les vélos des ouvriers ainsi que les brouettes et carrioles des vendeuses d’un jour. Aux heures de pointe, il était envahi par les «ouvriers du port » et autres vétérans pour les vedettes ralliant Lorient. A Sainte Catherine, le même phénomène se produisait avec le personnel du port de pêche. A ces heures, cela rendait la navigation fort difficile du fait du manque de visibilité. Mais malgré les nombreuses demandes des patrons de vedette, personne ne quittait cet endroit « stratégique »  qui permettait de quitter le
navire dans les premiers soit pour rentrer à son domicile au plus tôt soit pour se rendre dans les nombreux estaminets situés à proximité des débarcadères et dans lesquels il faisait bon se retrouver après une dure journée de labeur.
 
Une entreprise autonome
 
Outre le personnel navigant, la société possédait une équipe chargée d’assurer la maintenance et l’entretien des vedettes afin que ces dernières puissent faire face aux attentes des passagers.
 
Un atelier, situé au môle de Sainte Catherine, permettait d’effectuer tous les travaux de mécanique ainsi que les petites réparations émanant bien souvent d’actes de vandalisme.
 
Les gros travaux de menuiserie, de par leur coût élevé, étaient confiés à des entreprises spécialisées dont le chantier QUERRIEN ou l’entreprise LE RUNIGO situés à proximité.
 
Les carénages s’effectuaient sur le slipway, le « slipp » comme il était coutume de le nommer ici. Il s’agissait d’un plan incliné situé en contrebas de l’atelier. Il était
 composé d’une cale centrale et de deux petites fosses situées de part et d’autre. Dans chacune de ces dernières des rangées de tins permettaient, après échouage, un accès facile aux œuvres vives du navire. Les mouvements d’échouage, déséchouage, ne pouvaient s’y effectuer qu’à marée haute. L’accès du personnel se faisait quant à lui, soit par un escalier donnant sur la cale, soit par des échelles droites fixées à espace régulier dans les deux môles. Pour un accès plus rapide ou pour le passage de grosses pièces, des coupées de fortune étaient parfois positionnées entre le quai et le bateau.
 
 Une entreprise au service de la population
 
Bien que la société ne subisse aucune concurrence il fallait tenir la fréquence des rotations. La lecture d’un cahier de marche peut impressionner pour l’époque. En 1972, les bateaux et leurs équipages effectuent, par jour, cent soixante quatorze voyages et autant de manœuvres et accostages que cela implique. Sur la seule ligne Sainte Catherine / Keroman, mille personnes prenaient le bateau entre 6h00 et 8h00. A cela il convenait d’ajouter les rotations de la journée sans oublier les services de nuit toujours sur cette même ligne.
 
De nombreux scolaires empruntaient également les lignes Pen mané / Lorient et Port-Louis / Lorient pour se rendre dans les différents établissements de la ville. Le jeudi, jour sans école à l’époque, bon nombre de ménagères se rendaient avec leur progéniture en centre ville afin d’y effectuer des achats dans les nombreux magasins d’habillement. Au retour, certains effectuaient une halte gourmande au kiosque à journaux attenant à la salle d’attente où les viennoiseries faisaient plus d’un heureux. D’autres s’arrêtaient au bar « Le cabotage » afin d’y prendre une boisson chaude ou un diabolo.  L’on savait prendre son temps. Si l’on ratait un bateau, il n’y avait qu’un quart d’heure à patienter.
 
Les retards ou autres manquements des équipages faisaient bien souvent l’objet de courriers plus ou moins anonymes. L’origine de ces lettres où l’identité n’était souvent pas mentionnée était cependant facile à deviner tant par une signature dont le nom ne laissait aucune équivoque ou une profession particulière restreignant les auteurs.
 
En 1976, la SCV désireuse d’assurer la régularité du transport entre les différents points de la rade de Lorient tout en gardant un équilibre budgétaire précaire se plaça dans une position fort délicate. La concurrence automobile et le choc pétrolier de 1973 conjugués au non renouvellement des unités vieillissantes obligèrent la société à passer en 1977, sous la tutelle du conseil général du Morbihan. Ce dernier, tout en assurant le rachat, établit une convention de gérance avec ladite société. La vente des bateaux permit ainsi la rénovation et la mise aux normes du bâtiment du port de Sainte Catherine, également siège de la Société Coopérative des Vedettes.
 
La fin des années 70 verra quant à elle apparaître une nouvelle génération de vedettes avec la « Président Emmanuel Le Visage », la « Kerbel » et la « Kerzo ». Ces vedettes, couvertes, chauffées et vitrées, offriront un bien meilleur confort aux passagers.
 
Elles recevront le renfort de « l’Aigrette », une ancienne vedette de l’Odet, qui, après transformation, sera rebaptisée « Ste Catherine » et celui de la vedette « Rivière d’Etel ».
 
 
 
Lors de son assemblée générale de 1991, le conseil d’administration décida, à l’initiative du département, de confier la gestion des lignes intérieures de la rade à la CMN.  Deux nouvelles unités, la « Talhouant » et la « Tanguethen », furent construites respectivement en 1992 et 1993. Elles achèveront la longue lignée des vedettes jaunes. La société étant définitivement dissoute en 1993.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Le Bateau en bois
Hymne chanté en hommage à leurs vedettes par certains anciens…
(Sur l’air "d’un mauvais garçon")
 
 
Refrain
 
C’est un bateau en bois
Une coque de noix
Mais comme mécanique
C’est un vrai bijou
Comme on n’en trouve pas partout
C’est l’agent de liaison
De toute les saisons
Le plus économique
De la rade il est devenu le roi
Notre bateau en bois.
 
Couplet
 
Nous « Minahouets »
Nous allons ça c’est chouette
A notre boulot
Sur un chouet’ de rafiot
Qui fait sans cesse
Et sans se lasser
Lorient, Port-Louis
Ainsi qu’Pen-Mané
Ni le vent ni les tempêtes
N’ont su arrêter not’ vedette
De ses services nous l’en remercions
Et lui dédions cette chanson
 

Epave de la vedette « Ernest Rospabé 1 » au cimetière de bateaux de Quelmer (Ille & Vilaine)

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Epave de la vedette « Président Emmanuel Le Visage » au cimetière de bateaux de Kerhervy (Morbihan)

 

 
 
 

Au début du XXème siècle, la rade de Lorient est le théâtre d’un important trafic. Les chaloupes et canots de pêche, fort nombreux, manœuvrés le plus souvent à la voile, côtoient quantité de plates menées à la rame, les vapeurs de commerce ou de la marine nationale ainsi que ceux qui effectuent le transport des passagers.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La cohabitation d’embarcations de divers gabarits dont la vitesse et la maniabilité ne sont plus identiques ne va pas sans poser problèmes comme ne manque pas de nous le rapporter la presse de l’époque. Nous avons relevé dans le Nouvelliste une vingtaine d’articles parus entre 1889 et 1938 qui reflètent les difficultés (liées ou non aux différents modes de propulsion) rencontrées au quotidien par les usagers de la rade en nous rapportant des incidents et des accidents qui se terminaient plus ou moins bien.
 
L’abordage de la « Prospérité » par la « Marie-Ange » que nous venons de relater et dont la trace reste vivace dans les mémoires « minahouettes » en raison de ses conséquences dramatiques n’était pas le premier à se produire dans la rade. Le 29 janvier 1893, une autre « Marie-Ange » qui faisait le service Port-Louis / Lorient avait heurté la « Louise » qui transportait les passagers de Pen Mané. Cette rencontre brutale, due à la brume épaisse qui masquait la visibilité au lever du jour, impressionna fortement les voyageurs mais
ne provoqua que quelques éraflures sur un des bordages et le service ne fut pas interrompu. Si à cette occasion, le journal n’évoque pas une vitesse excessive, il semble bien que ces « vapeurs » se déplaçaient à une allure à laquelle les usagers de la rade n’avaient pas été habitués jusqu’alors. Un article du 22 décembre 1898 nous informe qu’à plusieurs reprises, des petites embarcations auraient été coupées :
«… pour entrer comme pour sortir de l’avant port, la vitesse des rapides est telle qu’ils déplacent un volume d’eau considérable et que de ce déplacement jaillit une mer démontée qui occasionne des accidents et surmène inutilement les petites embarcations.
Nous demandons que cette vitesse soit diminuée à la sortie et la rentrée de l’avant port de commerce.  De cette manière les accidents qui ont eu lieu plusieurs fois (embarcations coupées) ne se renouvelleraient plus [et] les petites embarcations ne seraient pas surmenées par un flux anormal … »
 
Il est évident que les voiliers et à fortiori les plates entraient et sortaient du port d’une manière beaucoup moins spectaculaire !
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
S’il y eut d’autres « rencontres » malencontreuses entre vedettes, le journal ne s’en est pas fait l’écho. Il nous raconte seulement un incident survenu à la fin du mois de septembre 1903 où « le petit vapeur de Pen Mané dut virer de bord brusquement» pour éviter un canot transportant une trentaine de marins qui surgit devant lui. On en fut quitte pour la peur : seule la gaffe du vapeur « vint heurter la tête d’un des matelots » et se cassa au contact de cette « tête de breton ».
 
 
 
 
 
Les conséquences des abordages ont parfois été plus dramatiques. Ainsi, en novembre 1909, entre dix et onze heures du soir, un chalutier à vapeur, le « Grèbe », qui rentrait de la pêche aborda une plate menée par un pêcheur de Pen Mané qui revenait de Lorient. La plate coula et le pêcheur succomba malgré la rapidité des secours, sans doute victime d’une congestion. Le journal suppose qu’il s’agit d’une mauvaise manœuvre de l’un ou de l’autre bateau car le clair de lune brillait à cette heure tardive.
 
On peut surtout penser que les petites embarcations ne faisaient pas le poids face aux gros navires à vapeur, surtout quand elles étaient masquées par d’autres bateaux plus grands qu’elles. C’est de cette manière qu’un porteur de la maison GUIHOT fit couler le « Père Henri » de Locmiquélic en avril 1912. Cette fois, l’équipage sain et sauf fut recueilli à bord du caboteur.
 
Le journal rend très souvent compte des problèmes rencontrés par de petites embarcations suite au gros temps ou à des manœuvres maladroites. En avril 1889, c’est une plate qui coule après avoir « embarqué un paquet de mer » : deux des naufragés sont recueillis par le bac à vapeur de Pen Mané, le troisième est sauvé par un préposé des douanes.
 
En avril 1900, une rafale d’est fit chavirer la petite chaloupe du patron GAHINET qui n’avait pas eu le temps de filer l’écoute. Les trois hommes d’équipage furent repêchés par une autre barque qui « remit [aussi] la chaloupe à flot mais les poissons et une partie du gréement [furent] perdus. ». C’est encore ce qui arriva en juillet 1917, en face de l’Ile Saint Michel ou deux barques recueillirent les cinq hommes tombés à l’eau.
 
 
 
 
 
 
 
Certes, la densité de la navigation provoquait des accidents mais généralement les secours étaient rapides car il y avait souvent quelqu’un à proximité pour intervenir. Il n’y eut cependant personne, le dimanche 21 septembre 1924 vers sept heures du soir, pour venir en aide aux deux familles montées à Pen Mané dans un canot à voile. Elles se rendaient dans l’anse du Plessis à Lanester après l’enterrement d’un parent victime de noyade dont on venait de retrouver le corps. Nul n’a su dire à l’époque ce qui provoqua le naufrage : « grain violent, fausse manœuvre [ou] rupture d’équilibre, les passagers se portant d’un même côté, elle chavira sous voile et les six occupants furent précipités à la mer où ils disparurent ». Ce n’est qu’au petit matin qu’une équipe de sauveteurs fut dépêchée sur les lieux. Elle retrouva la barque mais pas ses occupants.
 
Le 1er août 1915, un quartier maître vétéran tombe à l’eau et n’est retrouvé que deux semaines plus tard. En octobre 1918, on ramène aussi à terre le corps d’un homme « qui avait quitté le domicile familial, la veille, pour se rendre à son bateau et avait dû tomber accidentellement à la mer ». Dans le registre des décès de Locmiquélic, on trouve par ailleurs plusieurs actes concernant des cadavres rejetés à la côte qui n’ont pu être identifiés.
 
On peut se demander si parfois ces accidents n’étaient pas dus à l’intempérance des marins qui pouvaient embarquer dans un état d’ébriété plus ou moins avancé. C’est du moins ce qui arriva en mai 1891 :
« Mercredi soir, 6 courant, quatre hommes de Locmiquélic, ouvriers au port de Lorient eurent l’idée d’aller à la pêche. Avant de se mettre en mer, ils crurent devoir prendre un verre pour chasser le sommeil. Il faut croire que ce verre fut suivi de plusieurs autres, car à deux heures, jeudi matin, ces hommes étaient encore à l’auberge. Enfin, ils se rendirent à la cale de Sainte Catherine et l’un deux démarra la barque et partit croyant avoir ses camarades avec lui. Alphonse et Roger se couchèrent sur le pont où ils ne tardèrent pas à s’endormir, pendant que le quatrième tombait à la mer et se noyait. 
Le malheureux … laisse une veuve et cinq enfants en bas âge…»
 
Sans atteindre ces extrémités, il n’est pas impossible que les cerveaux embrumés aient parfois été à l’origine de manœuvres approximatives.
Ivres ou pas, les marins ne faisaient pas toujours preuve de prudence comme cet habitant de Nézenel qui, en février 1913, prit la mer alors que la tempête faisait rage :
« … [Il] craignit que sa chaloupe, « Louis-Eugène », mouillée en rade, ne chassât sur son ancre et ne partit à la dérive.
En conséquence, sans tenir compte de la remarque qui lui était faite au sujet du danger qu’il allait courir par cette mer démontée, le vieux loup de mer n’hésita pas à s’embarquer dans une plate, au moyen de laquelle il comptait pouvoir saisir la chaîne de sa chaloupe pour la rapprocher de la côte. 
Mais, soit qu’il eut fait un trop violent effort, soit que la vague eut pris sa plate par le travers, celle-ci chavira.
Le marin, qui s’est déjà trouvé trois ou quatre fois en pareil péril, ne perdit pas la tête, et tout en nageant vigoureusement, appela au secours….»
 
Le brave homme était né sous une bonne étoile et on dut sans doute lui préparer des bouillottes et « un bon cordial » en espérant que cette fois serait bien la dernière.
 
A cette époque où la pêche était pratiquée par un nombre important de petits bateaux avec un équipage réduit, il est bien évident que les accidents étaient plus nombreux que de nos jours. Cependant, il nous faut remarquer que naviguer dans la rade de Lorient qui constituait pourtant un abri pour les marins n’était pas totalement sans danger. De manière très chauvine, nous n’avons relevé que les événements impliquant des Minahouets dont le journal a bien voulu nous informer. Bien entendu, les gens d’ici n’étaient pas tout seuls sur l’eau. Ces articles nous permettent de nous faire une idée de l’intense activité qui régnait entre Lorient et notre cité et de prendre conscience des risques encourus par les marins qui la fréquentaient, qu’ils aient été dus aux conditions de navigation, au mauvais temps ou à l’imprudence des hommes.
 
Remerciements
 
 
La municipalité de Locmiquélic
 
La médiathèque de Locmiquélic
 
La paroisse de Locmiquélic
 
Les archives départementales du Morbihan
 
Le service historique de la Défense.
 
 
Sources
 
 
Archives départementales du Morbihan
 
Archives municipales de Lorient
 
Archives municipales de Locmiquélic
 
Archives paroissiales de Locmiquélic
 
Archives paroissiales de Riantec
 
Service historique de la Défense
 
Centre d’animation historique de Port-Louis
 
 
Crédits photographiques
 
 
Archives municipales de Locmiquélic
 
Archives de la Société Coopérative de Vedettes
 
Association « La Mémoire des Minahouets »
 
Madame COSTEVEC-LE HAY Marylis
 
Madame LE GOFF Lysiane
 
Monsieur GUEVEL Hervé
 
Monsieur LE ROUX Christian

 Le Nouvelliste a porté témoignage de cette tranche de vie maritime de 1898 à 1932.
 De nos jours ces ports sont échelonnés de l’étang du Ter à l’embouchure du Scorff (base des sous-marins, port de pêche, port de commerce, port de plaisance, port militaire) ce qui autorise Lorient à se dénommer « la ville aux 5 ports ».
 L’actuel port de pêche a été créé en 1927 puis la guerre de 39-45 et les bombardements intensifs ont changé la topographie de cette agglomération.
 Canard : au sens figuré « fausse nouvelle »
 S.F.I.O. : Section Française de l’Internationale Ouvrière qui a désigné le parti socialiste français
 Pour l’anecdote, certains écrits mentionnent que bon nombre de conseillers municipaux de l’époque pourtant cités comme à l’origine de ce projet, s’opposèrent vivement à cette initiative du fait de leur actionnariat au sein d’autres sociétés et plus particulièrement de la société des « Vedettes Vertes ».
 Ces vedettes, commandées au chantier « ROY-PLAIDEAU » de Pont Lorois avaient pour nom « Le Rêve » mise en service le 1er juin 1932 et la « Désirée » en juillet 1932. 
 
 Monsieur LE VISAGE, faisant allusion aux 3 premiers navires, parlait des débuts de la SCV en ces termes : « le rêve désiré est devenu prospérité » Cf. témoignage Roger HENRIO.
 Ces unités furent rebaptisées « Vedette 2 et Vedette 3 »
 Aujourd’hui DCNS
 La ville ayant quasiment disparu sous les bombardements de la poche de Lorient.
 Ex-base de sous-marins Allemande.
 La Préfecture ayant conclu que la SCV n’était pas en mesure d’apporter le service demandé par suite d’un manque de bateaux.
 Appellation donnée aux ressortissants de la DCAN actuellement DCNS
 Surnom donné aux marins sédentaires de la Direction du Port de Lorient.
 Cet outil bien que n’étant plus utilisé est encore visible entre les deux môles de Sainte Catherine.
 Compagnie Morbihannaise de Navigation
  Ces deux unités assurent toujours en compagnie la « Kerzo » les rotations du Batobus de la Compagnie des Transports de la Région Lorientaise.
 Cf. précédents fascicules du comité d’histoire
 Appellation de l’époque de la réanimation cardio-pulmonaire.
 A noter que la loi du 17 décembre 1926 venait de supprimer les tribunaux commerciaux maritimes. Les marins n’étant désormais plus jugés par leurs pairs s’ils sont reconnus coupables d’un délit maritime mais justiciables devant le tribunal correctionnel.
 
 
 
 Nous n’avons pas trace de ces accidents
 Le Nouvelliste, 04-10-1903
 Le Nouvelliste, 23-09-1909
 Le Nouvelliste, 18-04-1912